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LES HUIT PETITES MARCHANDES DU BOULEVARD

mon égal ? J’marranj’rai en conséquence. Vous avez soif, a c’qui’ m’paraît, la belle ? J’vais vou’ en verser :


I’ prit zun’ soif à mon Aminte ;
J’voulus que c’te soif fût zéteinte.
J’li verse un coup…, c’qu’est d’singulier,
À c’ premier coup zas’fit prier !
Pardin’ j’eus mon tour au dergnier.
A’m’dit, — J’sommes à la grand’pinte ;
J’li dis, — Je l’voi-ben, mon enfant :
        Vantez-vous-en !


— Vou’ êtes en vérité insupportable, et vous f’rez c’que vous voudrez, je m’en inquiète non pus que d’mon premier pet : — N’voulez vous donc pas l’dire ? — Ma foi si fait, m’fit-i’. — J’suis l’coureur de M. l’marquis de***. — Un coureur ! faire tant de façons ! touche la ; j’somme’ égaus, et je n’ten aimerai qu’mieux, si tu l’merites.


Tout’ Fiye qui fait la Saint’Nitouche,
Que l’on n’dirait pas qui z’y touche,
Ça n’a pas d’faim z’en commençant :
Mais l’appetit vient z’en mangeant :
Pardin’, Suzon, profites-en,
Car tout ça qui zest su’ sa bouche
Ne tient pas cont’ un Regalant :
        Vantez-vous-en !


La chanson est finie, ma’m’selle, et j’vais vous parler raisonnablement. — À la bonne heure, comme ça. J’sis le coureur de M. l’marquis, comme j’ai dit : mais vous sentez ben qu’un coureur ne s’marie pas : comment guiabe pourrirait-i’ courir, s’il était chargé d’eune femme et d’cing à six enfants ? Là, j’vous l’demande, m’am’selle Suzette ? — C’est zeun peu vrai, da ! lui fis-je ; mais vous n’les porterez pas su’ vot’ dos ? — J’vous en fais la jugesse : si je n’les porte pas su’ mon dos, j’les porterai dans ma tête ; et quand n’on a la tête pesante, n’on court mal… De d’pûs qu’ça, c’ment qu’n’on appel-