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LES HUIT PETITES MARCHANDES DU BOULEVARD

sieu’. — Un d’mes amis m’a dit comme ça qu’vous étiez rétive en diable ! j’voudrais ben voir ça ! — Quand i’vous plaira, monsieu’: en fait d’ça, j’sis toujous prête. — En fait d’quoi donc, la belle ? — En fait de rétiverie. — Ha ! j’entends ! mais j’n’entendais pas comme ça. — Et i’s’mità rire. — Vous êtes ma foi gentye ! — Croyez-vous ça, monsieu’  ? — D’honneur, et si vous voulez ête ma bonne amie, j’sis tout prêt à vous ben aimer. — Savoir comment, monsieu’ ? — En bonne amitié d’amant pour sa maîtresse ; car en fait de pour c’qui est d’mariage, je n’donne pas là d’dans et j’crais, ni vous non pûs, la belle ? — C’est s’lon : qu’est-c’qu’vou’êtes, vous, monsieu’ ? — Qu’est-c’qu’j’sis ? mais un joli garçon, comme vous voyez, la belle ;


Par un dimanch’qui zétait fête,
Moi qui cherchais tun tête-à-tête,
J’trouv’ aux Porch’rons tun’  bell’enfant,
Ç’était joufflu, c’était zavenant :
Sarpéguienn’ moi qu’aime ç’ qu’est friand,
Et qui sait qui’ faut zêtre honnête,
J’vous y troussis tun compliment :
        Vantez-vous-en !


— La chanson zest jolie, lui fis-je, mais a’ n’ répond pas à ma quesquion. — Hé ben, puisqu’vous v’lez l’savoir :


J’li fis voir clair dans ma tendresse :
J’vis qu’all’ en riait ; v’là que j’me redresse :
V’là qu’a m’fait mette à son écot ;
V’là que’je m’rechauffe à son fagot ;
Moi qui n’me mouche pas d’l’œil d’un sot,
J’vis qu’all’ aimait la politesse :
J’en mis tun peu pûs en avant,
        Vantez-vous-en !


— Mais c’n’est pas là c’que j’vous d’mande ! répondez-moi donc ? Êtes-vous au d’sus d’moi ? êtes-vous