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LES ÉPOUSES PAR QUARTIER

tous heureux. Une seule (c’est la vitrière) fut touchée de l’état où elle le voyait : elle lui tendit la main, en signe de pardon, et lui offrit de l’argent. Mais comme il craignait d’être trahi par quelqu’une d’elles, il partit sans oser attendre la somme. — Je vous laisse ma fortune, leur dit-il à toutes quatre ; elle est à vous ; usez en mieux que moi… Il sortit du royaume dans cette triste situation, et il alla trainer sa misère dans la Hollande, d’où il s’embarqua, pour passer comme simple soldat dans l’Amérique républicaine : c’est là qu’il a perdu inglorieusement la vie dans une escarmouche.

Tel a été le sort d’un homme qui, avec une seule femme, aurait pu, si l’on veut, être ce que sont tant d’autres qui ne s’en pendent pas, mais non au point qu’il l’a été ; qui aurait pu voir dissiper une partie de sa fortune, par les dépenses folles d’une femme, mais non en perdre la totalité : qui enfin aurait pu avoir une coquette, mais qui n’aurait pas été à la fois la victime de quatre hypocrites. Concluons, que dans notre pays c’est bien assez d’une femme ; et celui qui se plaint de ce qu’on ne peut en avoir deux, ressemble à Garo ; si les citrouilles étaient venues sur les chènes, il avait le nez écrasé.