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LES ÉPOUSES PAR QUARTIER

chers parents et amis, supplie la compagnie, par ma bouche, d’accepter son invitation, tout étant préparé ; n’ayant d’autre regret que de n’avoir pu nous faire commencer la journée chez lui : il prie les mariés d’être persuadés de son affection pour eux, et du désir qu’il a de leur prouver son amitié, dont il m’a prié d’être son garant ! Dès que le bourrelier eut cessé de parler, il s’éleva une acclamation générale d’acceptation, avec des applaudissements, et les mariés quittèrent leur place pour venir remercier M. de Saintornant, qui vola au-devant d’eux pour leur en éviter la peine. On dina avec une gaieté folle, causée par l’espérance des plaisirs qu’on attendait ; Susanne surtout fut charmante ; elle reçut des compliments de tout le monde sur son bonheur prochain, qui n’était plus un mystère pour la compagnie ; on partit au lever de table, et on trouva les choses encore au-dessus de ce qu’on les imaginait.

En effet, de Saintornant, qui voulait donner de lui une bonne opinion à sa maîresse, avait retenu la petite troupe de l’Ambigu-Comique, pour jouer chez lui, sur un petit théâtre portatif, la jolie pantomime de la Force de l’amour et de l’amitié, les scènes des Comédiens de bois, l’Ile de la frivolité, et une fable dramatique, intitulée, la Cigale et la Fourmi. En entrant dans la maison, il se trouva un portier qui donna des billets à chaque personne gratis : un suisse indiquait l’entrée du spectacle ; en un instant tout fut allumé ; la toile se leva, et les comédiens de bois jouèrent leur farce : la petite pièce suivit ensuite la fable drama tique ; puis la pantomime. Tous les spectateurs furent enchantés. Dans les entr’actes, des garçons limonadiers servirent le café, que le bourrelier avait empêché de prendre à la maison où l’on avait dîné, des liqueurs et d’autres rafraîchissements de toute espèce. Après le spectacle, comme il n’était que cinq heures, on entra dans un beau jardin, qui avait l’air d’une guinguette, où chacun prit ce qu’il voulut : on y forma des danses auprès de trois orchestres qui jouaient. À ce divertissement, si bien proportionné au