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LES ÉPOUSES PAR QUARTIER

lui annoncer en sortant, de peur de troubler ses plaisirs. Un aimable sourire l’assura qu’il était pardonné. Le reste de la soirée fut encore plus agréable que ce qui avait précédé ; l’on ne se quitta qu’à deux heures du matin, et Saintornant redevenu de Valenclos, s’en retourna chez sa première femme.

Le lendemain, il s’occupa de son acquisition qui fut consommée avant qu’il retournât auprès de sa belle : la maison était magnifique, et toute meublée : il y fit préparer un superbe souper ; ensuite, s’étant rendu chez le bourrelier, il trouva qu’on l’attendait pour partir. Il était tard, et le dîner était servi, quand ils arrivèrent. Suivant l’usage parmi les gens du commun, c’étaient les convives qui faisaient les frais du lendemain : chacun s’était cotisé la veille à l’exception de M. de Saintornant, dont on s’était caché pour cette opération, ne voulant pas donner une mince idée des mariés à un homme comme il faut, dont la présence honorait toute l’assemblée : mais le bourrelier, homme de cœur, avait déclaré que, l’ayant amené, il voulait payer pour lui : ce qui avait amené une contestation générale. En voyant arriver le bourrelier et sa compagnie si tard, on avait eu peur de l’avoir choqué : mais on fut agréablement surpris, lorsque, s’étant mis à table, il demanda un moment d’audience : Messieurs (dit-il à l’assemblée), M. de Saintornant qui nous honore encore au jourd’hui de sa présence, est venu hier ici, en impromptu ; il ne s’y attendait pas ; et en voyant l’honnête réception que vous lui avez tous faite, surtout les mariés, il n’a songé qu’au plaisir qu’il trouvait dans la compagnie : mais hier, à l’heure de son absence, il a pensé à nous faire l’honneur de nous inviter chez lui, dès ce même jour : cependant tout n’a pu être disposé pour nous recevoir qu’aujourd’hui dans l’après-dîner : c’est ce qui fait que nous allons dîner ici, pour nous rendre aussitôt dans la maison de M. de Saintornant, où il y aura bal, instruments, rafraîchissements, et souper ensuite vers les minuit, pour reprendre le bal jusqu’au jour. M. de Saintornant, messieurs et dames, tous,