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LES ÉPOUSES PAR QUARTIER



Un homme âgé d’environ trente-deux ans, qui jouissait d’une fortune acquise par son travail, secondé par le bonheur, mit en un même jour vingt mille écus sur un corsaire de vingt canons, commandé par un bon officier ; prit deux ternes secs à la loterie royale ; alla jouer gros jeu à l’hôtel d’un ambassadeur ; et fit l’acquisition d’un terrain dans un bon endroit. Tout réussit également : ses fonds quadruplèrent sur le corsaire ; ses deux ternes sortirent à la loterie ; il gagna mille louis au jeu, sans aider à la fortune ; son terrain tripla de valeur au bout d’un an, parce qu’il fut mis en rue : de sorte qu’il se trouva tout à coup, de pauvre, aisé, et d’aisé, fort riche. Son âme n’avait pas une certaine étendue : il ne désirait ni les honneurs, ni l’importance ; il ne voulait qu’être heureux : Or, après y avoir bien réfléchi, les femmes lui parurent seules capables de faire le bonheur de l’homme. Il examina le mariage, le célibat, la coquetterie masculine, c’est-à-dire, l’usage de voltiger, en payant, de belle en belle. Le mariage lui parut avoir des inconvénients sans remède ; le célibat n’en avait pas de moins grands, qui devaient augmenter chaque année ; la coquetterie exigeait des talents, et elle avait ses peines. Il en revint au mariage, dans la médiocrité. Il