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LA JOLIE VIELLEUSE



La beauté (dit Socrate) est le chef-d’œuvre de la Divinité : elle consiste dans cette symétrie, cette proportion, qui, dans le naturel, comme dans le moral, dérive de l’arrangement régulier des parties, pour composer un tout agréable. Ainsi la beauté et la bonté sont deux synonymes, qu’on peut employer indistinctement pour exprimer l’excellence des mœurs ou de la figure[1]. Qu’importe donc où la beauté se trouve ? elle ennoblit tous les états : Belles ! fussiez-vous nées sous le chaume ou dans l’esclavage, vous êtes les reines du monde ; la Nature et la Raison le veulent ; un mot, un sourire, un coup d’ail suffit pour vous donner l’empire. Songez à ce que vous êtes : estimez-vous ce que vous valez ; mais pour respecter vos appas, et ne pas les avilir par l’odieux libertinage, qui seul peut vous ôter les avantages brillants que vous destinait la Nature !

C’est ainsi que débute celui qui m’a donné la Nouvelle suivante :


Du temps qu’on bâtissait la nouvelle halle, j’y ren contrai un soir d’été, environ vers les sept heures, une

  1. Xénophon. Mem. Lib. III.