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LA PERFIDE HORLOGÈRE

compte à raccommoder de la dentelle, dans le vrai, elle étaitlogée et entretenue par un homme : mais dès le même soir, Théodosie l’instruisit de son malheur, par un mot de lettre, qu’elle la pria de brûler. Brunehaut fulmina. Elle fit dire à sa tante et sa complice, que c’était le moment d’en venir à ce qu’elles avaient déjà projeté ; qu’elle était trop timide, et que si elle ne se hâtait pas, elle était perdue. Il avait été question entre ces deux femmes, de mettre de faux poinçons chez Macé ; d’avertir en sous main les contrôleurs de la marque d’or et d’argent, et de perdre par ce moyen un mari incommode. La perfide nièce fit sur-le-champ les démarches : elle savait apparemment où se procurer les faux poinçons, et elle les envoya, vers les onze heures, à la perfide Théodosie, qui les cacha où ils devaient être trouvés. Avant de se coucher, elle fit la lettre d’avis pour le directeur de la marque ; elle la fit transcrire par un commissaire qu’elle paya largement, et lui dit où il devait la porter.

Le lendemain, ne voyant pas arriver les captureurs, elle en eut de l’inquiétude : elle écrivit à Brunehaut la lettre suivante.


Je n’ai encore rien vu. Viendront-ils ? Ah ! ma chére Brunehaut ! que je t’ai d’obligations ! il n’y a que toi dans le monde qui puisse servir son amie avec tant de zèle ! Aussi en conserverai-je un éternel souvenir. J’embrasse ma meilleure amie. Adieu : fais-moi réponse.


Cette lettre fut interceptée par Macé. Mais l’inno cence n’est pas soupçonneuse ; il ne comprit rien à ces mots fatals : Je n’ai encore rien vu ! Viendront-ils ?

Ils vinrent en effet le lendemain. Macé, qui n’avait rien à craindre, vit entrer sans effroi ces officiers, si redoutables aux coupables. Sûrs de son crime, ils en agirent d’abord avec lui, comme avec un homme convaincu. Il fut arrêté, lié, garrotté. La surprise de Macé