Page:Restif de La Bretonne - Les Contemporaines, (Charpentier), tome 2, les Contemporaines du commun, 1884.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PRÉFACE

6. Je préviens que je me suis appliqué, malgré l’immensité de la capitale, qui m’aurait peut-être permis de nommer, à ne désigner et à ne blesser personne. Il est si facile de couvrir d’un voile impénétrable les personnages dont on fait l’histoire, sans dénaturer les faits, qu’avec toute la liberté possible, j’en aurais agi de même. Il faut cependant en excepter les Nouvelles, dont les héros eux-mêmes m’ont autorisé à mettre leurs vrais noms. Il est des gens qui ne se croient pas déshonorés pour être nommés dans une histoire, et qui, tout au contraire, sont charmés que leurs noms soient connus ; ils pensent, avec raison, que c’est un moyen d’étendre leur existence et que l’oubli absolu est une espèce de mort politique. Je suis de leur sentiment : et comme chacun a le sien, je déclare que je ne blesserai jamais volontairement celui de per sonne.

7. On a fait, assez mal à propos, des applications de certaines Nouvelles des Volumes XIII à XVI. Je proteste ici, que tous les portraits renfermés dans les Nouvelles de ces quatre Volumes sont généraux, et que j’ai apporté la plus grande attention à faire en sorte qu’ils ne convinssent jamais absolument à telle et telle personne. J’ai une multitude d’historiettes, comme on le voit par les canevas que j’insère quelquefois à la fin de certaines Nouvelles : il n’est rien de si aisé, sans me jamais écarter du vrai, que de composer de quatre ou cinq histoires une Nouvelle, qui, par ce moyen, ne sera l’histoire d’aucun des personnages en particulier, mais qui seulement renfermera des traits vrais, relatifs à tous les cinq.

8. Les estampes des Contemporaines communes auront un mérite qui leur est particulier : c’est de mettre sous les yeux l’espèce de marchandise des commerçants, et les principaux outils des ouvriers ou des artistes, dont

    charpentier, le tailleur, le cordonnier ? Non ; ces gens-là ne sauraient être vils ; car rien de nécessaire n’est vil. Qui donc sera vil ? Je le sais bien : celui qui les trouve vils.