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PRÉFACE

3. J’indique, en passant, les abus qui se rencontrent dans certaines professions ; les inconvénients qui résultent du luxe et de la conduite de certaines marchandes.

4. On pourrait me faire le reproche que, très souvent, je parais applaudir aux hommes d’une condition plus relevée, qui épousent, soit des ouvrières, ou des marchandes. Je réponds, que dans mes principes qui sont opposés à l’usage de doter les femmes, j’ai raison : que dans ceux d’une saine philosophie qui regarde tous les hommes comme frères, j’ai raison : que dans le principe naturel, que l’homme doit faire l’état de la femme, et apporter seul toute la fortune, j’ai raison : que dans un autre principe, qu’il faut éviter les fortunes immenses, et que, par conséquent, il serait à propos que les hommes riches épousassent des filles pauvres, j’ai raison ; enfin, que dans le principe incontestable, que la beauté de forme est le premier des biens, l’homme riche est à louer de chercher comme les Asiatiques, sages en cela, une femme qui la donne à leurs enfants ; ainsi j’ai encore raison sous ce dernier point de vue.

5. Il pourrait se trouver quelqu’un peut-être qui me reprocherait ici la prétendue bassesse de mes personnages. Le corps de la nation n’est pas vil ; voilà ma réponse : les marchands, les artisans, les artistes ne sont pas vils : ils sont considérables, estimables, importants, utiles, nécessaires, indispensables. Il est bon d’en occuper les citoyens qui lisent, de les habituer à considérer cette partie des membres de l’État comme des êtres absolument semblables à eux[1] : il y a plus de philosophie dans cette conduite de ma part, que dans beaucoup d’ouvrages prétendus philosophiques, prétendus politiques, qui ne renferment que des idées creuses.

  1. Il est inconcevable, qu’il y ait des gens à Paris, dans le dix-huitième siècle, qui traitent certaines conditions de viles ! Qui sera vil ? Le laboureur, le maçon, le couvreur, le