Page:Rességuier - Éloge de Mr Poitevin Peitavi, 1821.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 11 )

cette persécution pour être oublié ; on lui rendit justice : il fut arrêté.

Ici nous voyons se renouveler une de ces particularités si honorables dans la carrière des hommes de lettres. Il fit de sa captivité un studieux loisir. À côté des gémissemens et des larmes, les Muses le défendaient contre la douleur. Il n’avait devant lui ni gloire ni avenir, et travaillait sans songer au jour qui allait suivre. La langue du Tasse devint l’objet de ses études ; il traduisit dans les fers la Jérusalem délivrée, poëme commencé dans un palais et fini dans une prison. Plus d’une fois sans doute la destinée du poète revint à sa mémoire, et l’avertit des dangers de la célébrité. Rendu à la liberté, il ne songea pas à faire imprimer son travail ; il avait obtenu des consolations : c’est tout ce qu’il demandait aux Muses ; et son poëme fut brûlé.

Après quinze ans d’exil et de silence, les lettres reparurent sur la terre des Troubadours. Notre joyeux midi les accueillit avec transport ; et l’Académie, dont presque tous les membres avaient disparu dans nos orages, souleva ses voiles de deuil. L’espérance écarta les douloureux souvenirs. Cette institution qui était sortie