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rieux ; il y avait tant d’originalité dans sa fureur, que sa colère était gaie, amusante, et voisine du sourire qui la terminait toujours. Il avait prodigieusement d’esprit, il en avait à tout moment pour toute chose et pour tout le monde ; son amabilité ne craignait ni une expression commune, ni un détail vulgaire ; simple et naturelle, elle donnait de son charme aux récits les plus familiers. Sa première passion, après l’amitié, était l’étude ; il s’occupait sans cesse, et ne passait d’un travail à un autre que pour changer de succès. Tour-à-tour léger, grave, brillant, il avait le secret de tous les genres, et écrivait avec la même facilité un mémoire ou un vaudeville. C’était un de ces hommes à part, que la nature forme rarement, et qu’elle se plaît à douer ; un de ces êtres qui font croire aux êtres privilégiés.

Plusieurs années de sa vie s’écoulèrent rapidement dans le bonheur. Bientôt le souffle des révolutions agita la patrie ; toutes les félicités furent détruites, toutes les vertus furent persécutées.

Unanimement accusé de probité, de talent, de courage, M.r Poitevin avait trop de droits à