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facilité fut souvent mise à l’épreuve, et son talent flexible se prêtait à remplir les nombreuses obligations que lui imposaient son zèle et sa conscience académique. Cette laborieuse activité se soutint jusqu’à ses derniers instans.

Partageant sa vie entre le barreau et l’Académie, la retraite et la société, M.r Poitevin jouissait des autres et de lui-même ; il fesait sa destinée de celle de ses amis ; et, par un mélange de courage et de sensibilité, il avait de la faiblesse pour leur infortune et de l’indifférence pour ses propres revers. Accoutumé à tout sacrifier à ceux qu’il aimait, il était heureux, car il croyait à la reconnaissance. D’un caractère doux et violent, il se montrait sévère pour les torts les plus légers, et réservait toute son indulgence pour les fautes ou pour les malheurs qui avaient besoin de consolation. Dans la foule des gens qui venaient chercher ses conseils, si quelqu’un frappait trop fort à sa porte, ou se présentait à lui mal-adroitement, il prenait un air menaçant, une voix terrible, s’emportait contre le malheureux, et, tout en l’épouvantant, son cœur l’écoutait et se préparait à lui rendre un important service. Ses reproches étaient piquants sans être inju-