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mement détruite que par le travail. C’eſt dans ce tems malheureux où on devroit deſirer qu’il ſortît des métiers de deſſous terre, qu’on veut livrer les denrées coloniales à l’Etranger, afin que nos navires reſtant désarmés dans les ports, les matelots & les ouvriers ſoient ſans occupation ; afin que les Manufactures, ceſſant d’envoyer dans nos Iſles des étoffes que l’Étranger n’achetera plus, ceſſent d’employer le peu de bras que le traité de commerce avec l’Angleterre leur avoit laiſſé.

Meſſieurs les Députés de St. Domingue ſeroient-ils venus prendre part à la légiſlation Française, pour faire sanctionner par la Nation, un commerce étranger deſtructeur de la Nation ? & lorsque les provinces, les villes, les corps, les communautés, les particuliers viennent en foule courber leur tête sous le joug honorable de la liberté & de l’égalité, anéantir leurs privileges, leurs franchises, leurs biens & juſqu’à leurs perſonnes devant le bonheur public ; Meſſieurs les Députés de St. Domingue, ſeroient-ils venus s’iſoler au milieu de 26 millions d’hommes, & profiter des troubles qui agitent la France, pour ſe couvrir de vains prétextes, & relâcher, peut-être même rompre entiérement les liens qui les attachent à la Métropole ? ou ce qui ſeroit encore plus étrange, lui donner des loix, & dicter les articles de leur union ?