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notre devoir est de dire avec tout le courage que la vérité inſpire, & tout le reſpect qui est dû aux repréſentans de la Nation, que ce décret frapperoit les Manufactures & les Ports, comme un coup de tonnere, & qu’après avoir si long-temps desiré un nouvel ordre de choſes, & tourné leurs dernieres eſpérances vers les auteurs de la liberté, le fruit de tant d’attente & de vœux ſi ardens, ſeroit le comble de la miſere & du découragement.

Aucun ſophiſme de Messieurs les députés de Saint-Domingue, ne peut colorer leur demande d’exportation des denrées coloniales par navires étrangers. La Colonie de Saint-Domingue eſt parvenue à un degré de proſpérité qui étonne toutes les Nations. Elle doit cette proſpérité au Commerce national. Il y auroit abſurdité & ingratitude à le nier. Si la partie du Sud languit encore, cette langueur doit être principalement attribuée à la concurrence du Commerce national & du Commerce étranger. Une ſévere prohibition & l’aſſurance des payemens, donneroient bientôt à cette partie toute la ſplendeur à laquelle elle peut prétendre. Il ne faut que des loix ſages & une exécution courageuſe. Déjà elle commençoit à ſortir de son néant, ſes rades étoient couvertes, ses atteliers se peuploient, ſes cultures croiſſoient rapidement, lorſqu’un Gouverneur mépriſant la