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UCHRONIE




APPENDICE SANS TITRE

PAR UN AUTEUR DU XVIIe SIÈCLE
POUVANT SERVIR DE PRÉFACE



À mes enfants.

Cet écrit m’a été transmis par mon père, et je vous le lègue, mes enfants, il vous confirmera mes leçons en vous apprenant à juger les temps passés, à connaître le vice des passions qu’ils vous ont transmises, et celui des opinions desquelles nos contemporains ont le plus coutume de disputer. Je désire que vous soyez affranchis de ces liens de la manière que je l’ai été moi-même.

Mon père, dont vous vous rappelez le visage triste et l’inaltérable douceur, fut longtemps pour son fils une énigme imposante. Il y avait un secret dans sa vie : on aurait dû le soupçonner ; on ne le soupçonnait pas pourtant, et je l’ignorais comme les autres. Les mêmes conséquences peuvent s’expliquer de bien des manières, et le parti le plus simple est souvent de ne se les point expliquer ; c’est aussi le plus sûr. J’aurais cherché longtemps et fait beaucoup de suppositions sans découvrir le secret de mon père.

Il était établi à Amsterdam, et il y occupait, quand je naquis,