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chant la nature des choses sont suffisamment approfondis. C’est donc de la liberté qu’il faut attendre, après l’étude exacte et dans la connaissance la plus réfléchie des questions en tous leurs rapports, l’affirmation des premiers principes.

Le système du déterminisme universel et de l’infinitisme, deux thèses logiquement unies, ne peut s’établir en négation de la liberté, de l’ordre fini du monde, et des causes contingentes, ni par voie de démonstration logique, sans pétition de principe, ni par l’expérience, puisque l’expérience à ce sujet est interprétée diversement par les penseurs, et que le commun des hommes varie en ses jugements, quand d’ailleurs il n’opère pas d’après la simple apparence psychologique, laquelle témoigne contre la nécessité. La liberté se propose donc légitimement à notre croyance rationnelle comme un principe de théorie, avec l’ensemble des conséquences qui s’attachent à sa donnée réelle dans le monde, si elle est admise, et non pas au simple titre de croyance pratique, dont le fondement paraîtrait même infirmé par la science, autant que la science s’étend. Cet argument ne saurait conclure, car la science ne s’étend que jusqu’où la liberté ne règne pas. Et la science possible ne s’élève pas non plus aux premiers principes, toute science étant forcée, pour se constituer, d’accepter des prémisses qu’elle ne démontre pas. La liberté, principe de sa propre affirmation, et, par là, de ses déterminations fondamentales et des jugements sur la vérité où l’erreur de ces principes que la science n’atteint pas, la liberté se révèle réellement à ce point de vue comme le principe de la connaissance, ainsi que l’a dit le premier J. Lequier dans ses fragments sur la Recherche d’une première vérité (LIV).