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précédemment et ce dernier. En effet, l’opposition de l’impersonnalisme et de la doctrine de la personnalité se résume en ceci : que l’impersonnalisme cherche dans la conscience, unique siège de toute représentation des choses, celle des choses qui peut servir à représenter la cause ou l’essence de toutes, en sorte que la conscience et ses lois en seraient elles-mêmes des formes ou des produits ; au lieu que la doctrine de la personnalité prend dans la conscience, telle qu’elle est donnée dans la personne humaine, et dans ses représentations, dans l’application de ses lois à ses représentations, l’unique fondement de la connaissance, et de l’être quant à la connaissance. L’impersonnalisme est donc le réalisme, suivant l’emploi constant que nous avons fait de ce terme scolastique, et la doctrine de la personnalité peut se dire la doctrine de la réalité.

Pour donner son vrai sens à l’application de ce terme réalité, il importe de remarquer ici que l’opposition de la réalité au réalisme est la même que celle de la relativité aux doctrines de l’absolu. En effet, le principe de relativité a sa matière au siège des lois, au centre des catégories et des jugements, dans la conscience, qui est elle-même la Relation sous l’aspect à la fois le plus général et le plus concret, la relation des relations, la relation vivante, tandis que l’absolutisme est le produit théorique d’un effort de la « Raison pure » pour constituer un principe indépendant de la conscience et qui lui soit supérieur.

Dans le premier de nos dilemmes (XXI) l’abstraction réalisée était portée au plus haut degré et se nommait l’Être sans qualité, ou l’Un, ou le pur Inconditionné, et c’est le principe de relativité qui, opposé à cette entité pour laquelle le nom d’être est par lui-même une con-