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et les analyses de la psychologie immatérialiste obligent le penseur à réduire la notion de substance à celle de sujet logique des phénomènes. Mais l’essentiel de l’induction subsiste. Il nous reste, pour répondre à la réalité définissable dans l’ordre du relatif, au point de vue de l’intelligence, la reconnaissance de la loi de personnalité, avec sa généralisation, son extension possible dans l’avenir, et, au point de vue du sentiment et de l’intuition, la constatation de l’individualité dans le phénomène de la conscience immédiate, distincte de tout objet autre qu’elle-même et ses propres modifications.

Si la conscience était abolie dans tout ce que nous appelons être, et partout où s’étend l’idée d’existence, tout rapport d’interne à externe, de sujet à objet, soit pour le cas où le sujet est objet pour lui-même, soit pour le cas où le sujet perçoit l’objet comme lui étant opposé, serait anéanti ; il n’y aurait plus représentation d’aucune chose, car la représentation suppose les rapports que nous venons de désigner, et implique le sentiment du moi, à quelque degré de faiblesse et d’obscurité qu’on puisse l’imaginer réduit. Ce que nous supposerions alors qui resterait représentable, — puisqu’il est logiquement impossible de séparer l’idée d’existence de celle de représentation possible, — devrait exclure tout objet du genre de ceux que nous nommons sensations, idées, et les termes quelconques marquant des objets dont rien ne nous est connu que sous la condition et la forme d’une certaine conscience. Nous ne saurions admettre de tout cela que des possibilités d’être, et pour le cas seulement où surviendraient des consciences. Mais la possibilité ne fait pas l’existence, tandis que la conscience donnée implique l’existence comme représenta-