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tote obéit à cette loi mentale, lorsque, ne répugnant pas à l’éternité antérieure de la succession des phénomènes (XXXV), il tint au moins à arrêter son esprit sur une essence vers laquelle convergeât la nature et qui fût invariable. De là, par-dessus l’hypothèse d’un démiurge, quand elle intervient, comme chez Platon, celle d’un principe idéal inexpliqué dont toutes les idées et formes du monde sont des signes. De là la doctrine de l’émanation, où l’on remédie à l’absence de cause initiale par la supposition d’un principe qui est cause sans être qualifié de cause, ni pourvu d’aucune qualité, pas même de la qualité d’être, mais duquel descendent toutes les essences et toutes les causes de l’univers. De là encore ces abstractions dont on peut imaginer que sortent, en un développement infini, les phénomènes rapportés, à tels ou tels points de vue, à ces êtres fictifs ; et enfin dans l’impossibilité, que certains avouent, de définir, sans contradiction, le principe qui doit être l’origine de toutes les relations sans en impliquer en lui-même aucune, le recours à l’Inconditionné, mais inconnaissable et inconcevable, pour désigner la condition suprême de toute intelligence et de toute existence. Tous ces expédients de spéculation appelés à résoudre un problème que les termes dans lesquels il est posé rendent insoluble, devraient aboutir au discrédit définitif de la métaphysique, ou nous apprendre enfin à renfermer le sujet de la spéculation transcendante dans la région des idées accessibles.

Les idées accessibles sont celles qui énoncent des relations coordonnées conformément aux lois générales de l’entendement. Le dilemme, en ce qui concerne les questions du commencement, du devenir et de la cause est entre ces deux partis :