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nir, faute de la donnée d’un minimum de grandeur. L’impossibilité de la continuité de l’étendue et du mouvement ressort fortement de l’argument de la flèche qui vole.

Zénon est aussi l’auteur d’un argument très connu contre la subjectivité de l’espace. Il consiste à observer que ce sujet contenant, s’il en faut un, aurait besoin d’être contenu lui-même dans un autre. L’objection semble puérile, elle fait cependant ressortir cette forme de la pensée par laquelle nous plaçons dans l’espace toute chose située hors de nous. Si elle ne s’applique pas à l’espace lui-même, c’est qu’il n’est pas situé, mais qu’il est l’expression universelle du rapport intuitif de contenance. L’étendue, condition des images, n’est point une image ; autrement, il est hors de doute qu’il faudrait chercher dans quoi elle est contenue, et c’est l’idée vraie de l’étendue qui viendrait. Mais parce qu’elle est la forme intuitive commune à tous les rapports de position et de figure, l’étendue n’est pas sujette elle-même à l’un de ces rapports, celui de la contenance.

Les questions soulevées par la critique éléatique de la composition matérielle ne retinrent pas assez l’attention d’Aristote, qui ne vit qu’imparfaitement l’application à l’infini de son admirable distinction de l’acte et de la puissance. Les écoles postérieures négligèrent ces sortes d’analyses. C’est seulement quand le néoplatonisme eut à appliquer la notion de nombre, non plus à la matière, pour laquelle il conserva à l’infini sa signification pythagoricienne d’indétermination, mais aux idées et aux âmes, que la doctrine infinitiste mystique s’introduisit dans le concept de composition comme dans celui de la perfection divine (XXXVI). L’unité de l’Intelligence divine, selon Plotin, se forme