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LE MONDE SUIVANT L’ANCIEN ESPRIT HELLÉNIQUE

sa forme à la morale et à la politique, ce fut l’idée de l’humanité, généralisée comme type supérieur de l’âme, et dominant tout le naturalisme, qui se posa en fondement de la religion, dans la région indienne peuplée par des tribus aryennes. Le brahmanisme unifia cette idée, qui est celle d’une multitude indéfinie d’âmes sous toutes les sortes de formes organiques, en celle de l’être universel divin, duquel elles descendraient toutes et dans lequel elles auraient toutes à rentrer à l’expiration de certaines périodes. Cette conception, dont le symbole des réveils et des sommeils de Brahma marque fortement à la fois l’anthropomorphisme, et le panthéisme qui en est la négation, resta attachée aux nombreuses sectes de l’Inde, à leurs cultes et à leurs mythologies diverses. Les âmes individuelles, émanées de la substance intégrale de l’âme, avaient toujours à parcourir, en ce panthéisme évolutif, une longue série de vies et d’épreuves suivies d’élévations ou de chutes. Elles ne gardaient ni la personnalité identique, ni seulement l’humanité, au cours de leurs existences allant du dieu à la bête, ou plus bas encore, dont chacune se terminait par l’oubli. Et cependant la question capitale pour l’orthodoxie brahmanique, et pour les écoles philosophiques indiennes, dont la spéculation se rapporta toujours au môme thème, essentiellement, était celle de savoir si la fin dernière de l’âme, au terme d’un Kalpa, était l’inconscience pure, ou la béatitude pour les plus méritantes, et si les mêmes âmes rentraient dans le monde à chaque retour universel de l’existence : question illusoire, à laquelle se prêtait une imagination confondant la personnalité permanente, quoique sans fondement réel dans le brahmanisme, avec l’âme permanente qui n’est que l’image de quelque chose qui subsiste. Le bouddhisme, issu de celle des sectes philosophiques suivant laquelle la fin de perfection de l’âme