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L’IDÉE DU MONDE DANS LA HAUTE ANTIQUITÉ

à la conception des grandes divinités anthropomorphique, et aussi d’une personnalité suprême, sans exclure les panthéons. La troisième a pu se borner à un culte moral dont les objets les plus élevés sont les idées d’ordre, d’élévation ou de mérite, dans la nature et dans l’humanité, sans spéculation et sans métaphysique : c’est la doctrine de Confucius, qui a régné sur le vaste empire chinois, au moins sur les classes instruites et dirigeantes qui en ont fondé puis dirigé l’administration pendant tant de siècles.

L’idée chinoise du Seigneur-Ciel (Thien-ti) esprit suprême, a pu être assimilée par quelques critiques à l’idée du Très-Haut du monothéisme sémitique, mais l’attribut de personnalité est aussi faible que possible en son application aux Chin (les esprits), et ne va guère au delà des exigences du langage, qui toujours personnifie.

Un point unique s’est rencontré, dans l’Asie entière, on ne sait à quel moment, et en quel lieu des pérégrinations des antiques tribus sémitiques, où un penseur religieux, écartant toute mythologie et tout polythéisme d’âmes ou d’esprits, s’est mis en face de cette idée simple qui, transmise en quelques mots, au début du livre de la Genèse est devenue le fondement métaphysique de la religion élevée sur les ruines de toutes les croyances de l’antiquité occidentale : Dieu, une volonté planant sur l’abîme et créant par la parole, au commencement, le ciel et la terre. Toute la fonction de la spéculation, quand le souverain concept devint la pensée directrice d’une nation particulière, la nation juive, consista à affaiblir la supposition de la matière préexistante et à passer progressivement de l’idée démiurgique au concept de la création pure.

Contrairement à l’idée de l’ordre universel, on pourrait dire abstrait, qui dans la région chinoise imprima