Les auteurs grecs nous apprennent que les Indiens étaient le plus sage des peuples ; et il est certain que leur morale est sublime. Ils ont conservé leur N’iti Sastra[1], ainsi que les fables de Vishnuserman, que nous appelons ridiculement les fables de Cilpay, et qui sont, sinon la plus ancienne, au moins la plus belle collection d’apologues qu’il y ait au monde. Dans le sixième siècle de l’ère chrétienne, ces fables furent traduites du sanscrit, par ordre de Buzerchumihr[2], qui, de premier médecin, devint visir du grand Anashirevan ; et elles ont passé sous divers noms dans plus de vingt langues. Leur titre original est Hitópadésa, c’est-à-dire Instruction amicale. Comme il est très-douteux qu’Ésope ait existé, je suis porté à croire que les premières fables morales qui parurent en Europe, venaient de l’Inde ou bien de l’Éthiopie[3].