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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

nant le village des vaincus, sujets ou esclaves. Ceux-ci construisaient en terre rouge, tandis que les cases des nobles étaient en bois ; les lois religieuses défendaient d’élever dans le Rouve des murs de boue, et la force de cette tradition était telle qu’elle fut violée pour la première fois après l’arrivée des Français.

Au milieu, l’ancienne place des Assemblées, légèrement en contre-bas, conservée intacte, était limitée par un mur en pierres sèches régulièrement alignées et soutenues de distance en distance par des dalles verticales. De larges pierres, au niveau du sol environnant, recouvraient le tout ; la bordure de cette place formait ainsi une sorte de banquette ou pouvait s’asseoir un nombreux public. Au centre de l’espace vide, cinq pierres levées, de grandeurs et de formes diverses, s’alignaient à petite distance les unes des autres.

Le long de la face ouest du Rouve, en une étrange allée funéraire, se dressaient des tombes surmontées de petites cabanes. Seules, la famille royale et les deux premières castes nobles avaient le privilège d’élever ainsi sur leurs tombeaux une case pour leurs morts, réduction et symbole de celle habitée jadis par les vivants. Elle s’appelait, lorsqu’elle était destinée à un roi, Maison-Sacrée, et pour les Andrianes Maison-Froide. Razane expliqua qu’Imérimandzak avait été peuplé jadis par des nobles de la deuxième caste, beaucoup quittèrent le pays, ou bien leurs familles s’éteignirent sans postérité. Même la plupart des noms tombaient dans