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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

argile rouge, toutes orientées vers l’ouest, de minuscules étables pour les cochons, avec de larges aires en terre battue, où sur des nattes jaunes sèche le riz qu’on vient de battre.

— Puisque tu aimes les vieilles choses, dit Zane, je vais te faire voir le Rouve.

Ils traversèrent le groupe des cases, et, tout de suite, sur un terre-plein dominant de trois ou quatre mètres le reste du village, apparut l’enceinte quadrangulaire, réservée aux nobles Andrianes, tandis que les esclaves et les hommes libres bâtissaient leurs maisons dans l’espace intermédiaire, près du fossé circulaire. Le mur de soutènement et de défense s’était écroulé presque partout. Là où il subsistait, le temps y avait ouvert de larges brèches, envahies par la brousse. De grands figuiers centenaires, aux racines enchevêtrées, des lilas de Perse, des pêchers chargés de fruits, des ronces, des lianes de toute sortes, d’énormes touffes d’œillets d’Inde, faisaient au vieux Rouve une sauvage couronne de verdure et lui donnaient une beauté que sans doute il n’eut jamais aux âges héroïques de son histoire. Entre les branches des arbres on devinait des tombeaux de pierre surmontés de petites cabanes en bois, toute une résurrection du passé des Andrianes.

Claude escalada une des brèches en s’accrochant aux racines d’un figuier sauvage, et s’avança jusqu’au milieu de l’espace rectangulaire. Sauf une laide maison neuve en briques crues, ce lieu gardait presque l’aspect d’autrefois, massive forteresse des conquérants domi-