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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

démonstrations en paroles. Seule une vieille femme caressait ses épaules et ses bras avec un air d’extase, et des petits s’accrochaient à son lamba, levaient vers elle de grands yeux admiratifs. Elle souriait à tous, parlait avec volubilité, trouvait un mot pour chacun. Puis elle donna des explications pour Claude.

— Ceux-ci, dit-elle en caressant les têtes ébouriffées des enfants, ce sont mes petits cousins, les fils et les filles d’une sœur de ma mère.

Elle montra une femme d’une quarantaine d’années, à la figure ronde et plate, toute ridée, de teint assez clair, vêtue d’une tunique noire et drapée dans un lamba blanc très propre.

— Voici ma tante. C’est dans sa maison que nous irons. Et voici son mari.

L’homme répéta :

— Bonjour, mésié.

Claude, derechef, serra la main de son nouvel oncle.

Un vieillard à petite barbiche blanche, d’une maigreur impressionnante sous un mince lamba de cotonnade, saluait avec persistance, faisant force gestes, ôtant et remettant son large chapeau de paille.

— Celui-là, le brèche-dents, c’est mon grand-père. Il a vu, quand il était tout petit, le roi Radame, et on dit qu’il a près de cent ans. C’est ton grand-père aussi, Raclaude ! ajouta-t-elle en éclatant de rire.

Claude voulut serrer la main du vieux, mais celui-ci se dérobait, comme indigne d’un tel