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La fille de l’Île Rouge




I

La Porte de l’Orient


Le 20 octobre 1909, le Melbourne, paquebot des Messageries Maritimes, sortait lentement du port de la Joliette, à destination de Madagascar. L’appareillage avait été long, retardé encore par l’embarquement d’un gros courrier postal. Il était midi. Toutes les laideurs du port intérieur s’étaient effacées : les quais nus et tristes, salis par le charbon, les tas de marchandises alignées sous de plats hangars, les rames de wagons barrant de lignes noires des maisons lépreuses, et les moires graisseuses de la mer sillonnée de barques rondes, pareilles à ces gros insectes qui courent à la surface des étangs.

Maintenant le panorama de Marseille emplissait la moitié de l’horizon : les bassins avec les cheminées et les mâts d’innombrables navires, au pied de collines grises, les fils d’araignée du pont transbordeur, tendant leur trame métallique au-dessus du vieux port, les coupoles