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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

parce qu’il vous déplairait d’être acoquinés à des négresses ! Mais Madagascar, c’est l’Afrique, le pays sakalave ressemble au Mozambique. À Majunga, vous trouvez les mêmes baobabs, les mêmes bois-noirs qu’à Monbassa ou à Zanzibar, et dans les grands fleuves de la savane malgache, il y eut jadis des hippopotames.

— Oui. Mais Madagascar eut autrefois les Æpyornis, les oiseaux géants aux pattes trapues, pareils aux Dinornis de la Nouvelle-Zélande ! Et les lémuriens, improprement appelés les singes de Madagascar, est-ce qu’on en trouve en Afrique ?

— Aujourd’hui encore il y a des groupements de purs Africains dans l’ouest malgache. Lorsque j’étais en résidence dans cette région, j’ai vu des villages de Makouas, de vrais Makouas d’Afrique, grands, noirs, crépus, vaguement islamisés. Et leurs femmes aux seins piriformes avaient les lobes des oreilles hideusement distendus par des disques en bois peint de la grandeur d’une piastre, comme les femmes de Zanzibar.

— Ces Makouas, très peu nombreux en somme, vivent entre eux dans des villages isolés et ne se mêlent guère au reste de la population. Ce sont les descendants d’anciens esclaves importés d’Afrique à une époque relativement récente et vendus aux Sakalaves par les négriers arabes des Comores… Non, le vrai peuplement de la Grande-Île ne s’est pas fait par l’Afrique…

— Un mélange de races, insista Jean Romain, un mélange où dominent les Malayo-Polynésiens, voilà le peuple malgache.