Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

leurs j’aurai réglé, d’accord avec la mère, toutes les questions matérielles, et, quand je vous annoncerai leur visite, je vous renseignerai. Naturellement vous contractez l’union pour le temps qu’il vous plaira. L’usage est de donner à la mère, le jour où elle présente sa fille, quelques pièces d’or. Les Européens versent généralement à leurs femmes indigènes une mensualité variant de 80 à 150 frs. Quelques-uns donnent beaucoup plus, mais on les trouve ridicules, aussi bien chez nous que chez vous autres. Il est admis encore qu’on offre trois fois par an, au 14 juillet, à Pâques et au Nouvel an, un petit cadeau, quelque bijou indien, ou un lamba, ou un coupon d’étoffe pour faire une robe… »



Dans le quartier d’Ambouhipoutse, tout en haut de la montagne d’Iarive, la maison ouvrait vers l’Ouest sa large varangue en bois, soutenue par des piliers de pierre sculptés en forme d’étranges tiges renflées, avec des chapiteaux de lotus, comme en ont certaines colonnes de l’Égypte. Devant le logis, un parvis étroit en carreaux de terre rouge s’harmonisait avec la teinte des murs, et les volets fermés, dont le bois depuis longtemps avait perdu sa peinture, était de la même couleur grise que les sveltes colonnes de pierre. À quelques mètres, de l’autre côté du jardin, une murette en briques, à demi ruinée, courait en bordure du précipice.