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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Monsieur, est-ce une toute jeune fille ou une femme d’une vingtaine d’années ?

— Oh ! Je ne la voudrais pas trop jeune… Dix-huit à vingt ou vingt-deux ans, ce serait très bien…

— Comme vous avez raison ! Les jeunesses, c’est trop coureur ; il est bien préférable de choisir une compagne qui ait déjà vécu et que l’expérience ait un peu assagie… Désirez-vous une femme qui ait déjà enfanté ?

— Ah ! non !

— Si je vous posais cette question, c’est que nous autres Malgaches nous donnons la préférence aux femmes qui sont déjà mères. Nous sommes sûrs ainsi d’avoir des enfants, ce à quoi nous tenons par-dessus tout… Nous disons donc une femme de dix-huit à vingt ans, n’ayant pas encore enfanté. La voulez-vous de caste noble ou simplement femme libre ?

— Je vous avoue que je n’y attacha pas une grande importance.

— Nous éliminerons donc seulement les descendantes d’esclaves, qui sont noires et sentent mauvais… Tenez-vous essentiellement à ce qu’elle soit de Tananarive même ?

— Oh ! en aucune façon…

— Je porterai donc plutôt mes recherches du côté de la campagne, dans quelque bonne famille non gâtée encore par la dépravation de la capitale. Je connais précisément une jeune femme de caste noble, fort jolie et qui est en train de divorcer d’avec son mari. Je verrai de ce côté-là s’il y aurait quelque chose à faire. Mais