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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

le léger service qu’il vous rendra. Il en serait fort vexé et refuserait votre présent avec mépris. L’honneur de faire votre connaissance lui sera une récompense suffisante. Quand vous le rencontrerez ensuite, vous lui direz bonjour et vous lui adresserez quelques paroles bienveillantes, empreintes d’une aimable familiarité. À l’occasion, s’il a besoin d’être pistonné pour une affaire ou un avancement, vous pourrez écrire en sa faveur une banale lettre de recommandation. Croyez-moi, si vous voulez comprendre la vie tananarivienne, commencez par vous débarrasser de vos préjugés européens… »

Claude attendait donc son intermédiaire, non sans curiosité. Justement on frappait à la porte et le boy introduisit un indigène. C’était un homme grand, de teint clair, avec une ombre de moustache et les cheveux très plats. Une expression naturellement assez dure tempérait chez lui un air d’obséquiosité voulue. Il était vêtu à l’européenne, convenablement et sans recherche : veston, linge blanc, casque anglais, canne à pommeau d’argent. Il salua Saldagne avec beaucoup de déférence et dit :

— Je suis le Gouverneur indigène Randrianarive qui vous est envoyé par monsieur votre ami…

— Vous connaissez depuis longtemps M. Berlier ?

— Depuis très longtemps, M. Berlier me fait l’honneur de me visiter chez moi et il m’autorise à me rendre dans sa propre maison.