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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

de ses compagnons de passage du Melbourne, devenu son commensal à l’hôtel. Comme Claude parlait de proxénétisme, l’autre avait protesté.

— L’Indigène que je vais vous présenter est un homme très bien. D’abord il est presque prince, marié à une descendante d’une reine malgache, en tout cas noble de très bonne caste. C’est un fonctionnaire, un gouverneur indigène et surtout un vieux Tananarivien, très au courant des choses de la capitale. Je le connais depuis longtemps, et il rendra volontiers à un de mes amis le service un peu spécial que vous demandez. Soyez sûr qu’il ne considérera cette… intervention, ni comme humiliante, ni comme dégradante. Vous ne connaissez pas encore les mœurs locales qui sont dissolues sans nul doute, mais d’une simplicité toute naïve. L’essai loyal et complet doit précéder le mariage, et le mariage peut être temporaire. Une femme libre est à jamais déshonorée, si elle accorde ses faveurs à un esclave, mais elle n’encourt aucun blâme si elle se laisse aimer par un homme d’une caste égale ou supérieure à la sienne, et il n’est pas de caste plus élevée que la nôtre, celle des Européens. Voilà les principes malgaches. Et en vérité, est-il plus extraordinaire de s’entremettre dans votre cas qu’en France pour faciliter le rapprochement et ultérieurement l’union de deux jeunes gens qui la veille ne se connaissaient pas et le lendemain se fianceront pour des raisons d’intérêt et de convenance, sans amour…

…Surtout n’allez point parler à mon ami indigène de quelque rétribution pécuniaire pour