Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

origines, elles évoquaient à la fois l’Asie, l’Afrique et les Îles Malaises. Entre les esclaves et les nobles, il y avait plus de différence qu’entre une fine Parisienne et une paysanne de Belle-Isle-en-Mer. Celles de caste servile, avec la forte odeur de l’animal humain, avaient les formes lourdes, les seins piriformes, la peau foncée et terreuse, une forte mâchoire prognathe, un nez écrasé. Au contraire, les femmes nobles ou libres, préservées des alliances viles et des métissages douteux, ressemblaient à de frêles Javanaises, ou à des Japonaises aux yeux bridés, ou encore aux voluptueuses Tahitiennes, leurs sœurs ethniques. Leur sang malais ou polynésien n’était mêlé que de celui de races plus civilisées, Arabes ou Européens, et beaucoup de filles malgaches, affinées par de mystérieux atavismes, possédaient les lignes du corps et les traits du visage que nous qualifions de parfaits, parce que nous sommes habitués à les voir chez les femmes blanches.

Quelques passades avaient donné à Claude le vif désir de connaître mieux les Imériniennes et d’étudier de plus près l’âme d’une race dont l’aspect extérieur s’offrait à lui sous des formes suffisamment séduisantes pour l’inciter à de patientes investigations. Il avait donc décidé, en même temps qu’il quittait l’hôtel pour emménager dans une case confortable, de contracter un mariage temporaire selon la mode du pays.

Précisément il attendait ce jour-là quelqu’un qui devait s’entremettre pour lui présenter une petite épouse et que lui avait recommandé un