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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

cule. Maintenant les lambas pâles, à peine visibles, glissaient dans l’ombre, comme des fantômes. Claude une fois encore demeura triste de la chute du jour, de son dernier jour Imérinien.

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Le surlendemain, il était à Tamatave, dans l’attente anxieuse de l’avenir. Depuis un mois il ressassait cette idée fixe : qu’était devenue Marthe Villaret ? songeait-elle encore à lui ? Pardonnerait-elle la soudaine, la brutale rupture ? Des questions plus troublantes se posaient. Si elle l’avait oublié complètement ? Si elle s’était mariée, par dépit… ou par amour ? Bien des fois il avait envisagé les moyens de sortir de cette incertitude. Mais le temps lui manquait pour écrire : une réponse de France met deux mois à venir. Du reste, après la façon dont ils l’étaient quittés, il aimait mieux la revoir ; au premier regard échangé entre eux, il connaîtrait son destin.



L’Hôtel Métropole, à Tamatave, est très colonial : chambres à larges portes-fenêtres, qu’on laisse ouvertes, la nuit, sous les varangues ; salle à manger fermée d’un côté seulement, avec des balustrades à hauteur d’appui, donnant sur le jardin et sur l’océan. Toute la construction, en bois, est d’aspect provisoire et rustique. Aux piliers de la salle à manger, de hautes et larges palmes se fanent, profilant leurs éventails verts