Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

suivants, à des heures déterminées, elle procéderait au déménagement de ses affaires. Elle comprit, à l’accent et au calme de Claude, que la décision était irrévocable. Avec la passivité naturelle à sa race, elle accepta soudain le fait accompli. Ainsi ses aïeules, plus d’une fois, avaient dû se soumettre aux volontés de l’homme, du maître. Claude se souvint d’une histoire de famille, contée naguère par elle-même : la deuxième femme du grand-père polygame d’Imérimandzak, l’épouse préférée, chassée un jour pour adultère. Quelle avait pu être l’attitude de celle-là ? Sans doute elle avait fait preuve de la même résignation muette. Il comprit que, par le silence, la situation allait devenir ridicule. On n’avait plus rien, rien à se dire. Autant se quitter tout de suite.

— Adieu, Razane.

— Adieu, Raclaude.

Leurs regards se rencontrèrent, étrangers déjà l’un à l’autre, et ils s’en allèrent chacun de son côté. C’était fini.

Claude se rappela les affres de la dernière rupture, à la fois si proche et si lointaine, lorsqu’il avait tenté d’obscurcir en son cerveau l’image d’une femme de sa patrie. Maintenant, cette image subsistait seule, après le départ de la petite épouse temporaire.