Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

lent, vie facile et même, d’après les on-dit, très joyeuse.

— Il paraît que les femmes sakalaves, surtout telles de la tribu des Vèzes, sont admirablement faites, et parmi les plus belles de l’Île. Vous pourrez instituer des comparaisons avec les Imériniennes.

Cosquant sourit dans sa colère, s’apaisa un peu.

Saldagne, demeuré seul, s’attrista de ce départ. Le capitaine était un agréable compagnon, heureux de vivre, et d’joie communicative. L’Administrateur Jean Romain devait prochainement rentrer en France. Claude savait que Desroches, comme il sied à un magistrat, ne restait jamais plus de deux ans dans une colonie, or il était à Madagascar depuis dix-huit mois. Lui-même comptait au bout d’un an aller passer un semestre en Europe. Lorsqu’il reviendrait à Tananarive, qui retrouverait-il de ses anciens amis ? Pas un Berlier, le plus cher de tous, mort ; l’administrateur, le magistrat, l’officier, affectés dans d’autres coins du vaste monde. Il faudrait recommencer, avec un peu de découragement, l’éternel essai des affinités et des sympathies, pour se créer des amitiés nouvelles. On a mieux conscience aux Colonies que la vie est un éternel Devenir, sous des climats changeants, avec toujours des visages inconnus.


Alors les voix du passé, définitivement, triomphèrent dans le cœur de Claude, et, de-