nourrissaient ; il ne demanda même plus de leurs nouvelles.
Non, Saldagne ne jetterait pas la première pierre ni à Ralinoure, ni à Razane, ni à aucune autre.
Rentré chez lui, en compulsant les papiers du mort, il trouva un testament. Berlier léguait à ses parents de France diverses sommes d’argent, déposées dans une société de crédit, et à Ramatou[1] Ralinoure, fille de Razafindralambe et de Rasou, sa maison d’Isourak, avec tout ce qu’elle contenait. De son tombeau et des dispositions à prendre pour sa sépulture, pas un mot. Saldagne ne fut pas trop surpris. Souvent des Européens faisaient à leurs petites épouses, au moment de quitter définitivement Tananarive, ce don exceptionnel d’une maison : délicatesse probable d’amants vraiment épris, et désir d’assurer la vie matérielle de leur compagne, en l’empêchant de tomber, après eux, à la basse prostitution. Un mois plus tôt, il eût compris lui-même cette pensée et songé peut-être à jeter les fondations de la case destinée à Razane.
Tout de suite il voulut faire connaître ces dispositions à Ralinoure ; il la trouva seule dans la maison bien rangée, un peu nue. Presque plus de traces des récents pillages : à certaines places, sur les murs, le papier plus neuf témoignait de cadres enlevés. Ralinoure connut
- ↑ Ramatou en langue malgache, est l’équivalent du mot français Madame et ne comporte aucun sens péjoratif.