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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

— Je m’incline, mais je constate que la juridiction de Madagascar refuse à un citoyen français ce qu’elle accorde au premier indigène venu.

— Pas tout à fait. En droit malgache, un tombeau dans lequel un ou plusieurs morts ont été inhumés déjà est considéré comme une chose sacrée, frappée d’inaliénabilité. Au contraire un tombeau récemment construit et encore vide peut être vendu par le propriétaire ou ses héritiers. C’est le ras du tombeau de M. Berlier. Il est hors de doute que votre ami voulait être enterré dans le caveau d’Isourak. Mais ses héritiers seuls pourraient poursuivre — au prix de quelles démarches et combien longues — la réalisation de ce vœu…

Cette fois Saldagne, résigné, n’insista plus. Le corps de Berlier fut donc conduit, selon le rite des Européens, au cimetière d’Andzanahâr. Du moins sur la fosse fraîchement comblée ses amis firent mettre, comme dalle funéraire, la grande porte du tombeau d’Isourak, avec l’arbre hiératique ; et la stèle où s’inscrivirent le nom et la date, fut ce lit de basalte noir sur lequel Berlier avait rêvé de dormir l’éternel sommeil…



Le lendemain de l’enterrement, Saldagne revint à Isourak afin de ranger les papiers du mort et mettre de côté quelques objets personnels pour être adressés aux parents de