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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

Desroches vint interrompre les méditations de Claude.

— À quoi pensez-vous, Monsieur le Ténébreux  ?

— …

— Inutile de me le dire. J’ai vu Berlier ces jours. Il m’a dit que vous étiez en pleine crise.

— Alors ?

— Alors vous êtes venu reprendre contact avec la femme européenne. Faites attention, Saldagne, il y a ici des charmeuses. Les dryades méditerranéennes, les femmes du chêne ou du bouleau pourraient bien, chez l’imaginatif que vous êtes, faire la pige à la fille des cocotiers !

— Ne plaisantez pas, Desroches. La crise est peut-être plus grave que vous ne pensez.

— Je la connais, je l’éprouve chaque fois que je change de colonie. Ici elle est moins pénible qu’ailleurs à cause du charme vraiment exceptionnel des femmes indigènes, j’entends les Imériniennes naturellement, et non pas les petits animaux de la côte…

— Eh bien ! le croiriez-vous, Desroches ? J’en suis à me demander ce soir pourquoi tant d’entre nous en sont férus, des Imériniennes ?

— Vous êtes déplorablement vazâha, Saldagne. Vous vous montez l’imagination d’une façon excessive, à propos de l’éternel féminin, sous quelque couleur qu’il s’offre à vous.

11 sourit dans sa moustache noire, qu’il teignait d’ailleurs en considération du même éternel féminin, et il continua :

— Pourquoi les femmes d’ici nous plaisent ?