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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

comme des blancs aux jaunes, ou des Français aux Malgaches, les affinités physiques s’augmentent d’autant. Toutefois beaucoup se les exagèrent ou professent sur cette question une sereine indifférence. Mais Claude ne se contentait plus du fragile bonheur tissé autour de sa personne par les flatteries subtiles et les expertes caresses de l’Imérinienne. Parfois il la regardait longuement, analysait les traits de son visage, pour s’expliquer la séduction qu’elle avait exercée sur lui. Il la trouvait très différente du type ordinaire des femmes houves avec le visage rond, les pommettes saillantes, les yeux un peu à fleur de tête, le nez assez large, soit droit, soit camard, la bouche grande aux lèvres grosses, les cheveux ondulés très longs, la taille courte et cambrée. Razane était loin de réaliser les exigences de ce canon : elle avait la figure ovale, le nez étroit, presque busqué, la bouche petite avec des lèvres sensuelles, sans être épaisses, la taille longue. Ce qui le rapprochait sans doute, lui Français, de l’Imérinienne, c’est ce qui en elle l’écartait de sa propre race. En comparant d’autre part sa personne à l’idéal masculin probable des Imériniennes, Saldagne était amené aussi à de regrettables conclusions ; son nez busqué, ses lèvres minces, sa moustache blonde assez drue, sa barbe soyeuse, et en général le développement de son système pileux devaient paraître autant de tares aux femmes de Tananarive. D’ailleurs qui pouvait se flatter de connaître leurs secrètes préférences, à ces Imériniennes dissimulées, si indifférentes