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VI

le mirage s’efface


Saldagne collectionnait les curiosités de Madagascar, sculptures, armes, productions naïves de l’industrie locale, ou imitations maladroites inspirées à des barbares par l’art des civilités. Sa maison était pleine d’objets hétéroclites, dont l’étrangeté dissimulait les imperfections. La ramatou, condescendante, flattait les manies de son vazâha : parfois elle lui apportait une rabane tissée en couleurs par les paysannes d’Imérimandzâk, ou un bois sculpté, acheté pour quelque ? sous à des parents nécessiteux. Elle voyait avec indifférence les sagaies à incrustations de cuivre disposées en faisceaux sur les murs, les bateaux de lit où un artiste naïf avait figuré des scènes champêtres ou guerrières, les peaux de caïmans avec les pattes griffues pareilles à des gantelets de chevaliers, et les dépouilles marbrées des serpents. De frustes reliefs en bois taillé et peint représentaient le palais de la Reine, ou la Montagne de Tanana-