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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

verts se roi confondaient en une exquise symphonie de couleurs ; le parfum tiède des ilas flottait autour deux ; le babil clair et les rires frais des deux femmes-enfants résonnaient dars la case, et il semblait à Claude que sa Zane était l’âme même de la Ville mystérieuse et attirante.

— Tananarive… murmura-t-il. Le mot lui-même est beau, n’est-ce pas ? Le son plein de ses voyelles nombreuses, le redoublement de ses syllabes en fait une appellation étrange et exotique. Que signifie au juste Tananarive ?

— On peut l’expliquer de deux façons : les Mille-Villages, ou le Village-des-Mille. La première explication est plus poétique, mais la seconde est historiquement plus vraisemblable.

— Et la grammaire, qu’est-ce qu’elle dit dans tout cela ?

— La grammaire ? Les Malgaches n’en ont cure, quand ils forment des mots composés. Du reste les Imériniens disent habituellement et par abréviation : Iarive… Iarive ! Ne trouvez-vous pas que ce nom sonne mieux encore ? Il est clair comme un cristal, pur comme un rire d’enfant, doux comme une caresse. Les Tananariviens nomment ainsi leur ville, parce qu’ils l’aiment, de la même façon qu’on appelle d’un diminutif une maîtresse ou un enfant tendrement chéri. Elle est admirable en vérité, notre Iarive ! Non pareille dans le vaste monde ! Tous en conviennent, ceux qui comme Desroches, ont vu les villes sacrées de l’Inde, avec leurs temples d’or, ceux qui ont visité les grandes agglomérations d’hommes de la Chine, et ceux