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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

IV

douce est la vie


Claude, les jours suivants, vécut avec la hantise des souvenirs d’Imérimandzak. Imprégné d’intimités malgaches, il comprenait mieux l’âme des choses et des êtres, depuis qu’il avait vu évoquer, par des libations de miel et le sang d’un agneau, l’esprit de l’Ancêtre Andriantsimandâfik. Quand il contemplait de sa terrasse l’admirable paysage des plaines de rizières et des monts chaotiques, où pullulait la descendance des aïeux lointains ensevelis dans leurs tombeaux de pierre, désormais les villages s’animaient pour lui d’une vie familière. Quand il sortait, les Imériniens rencontrés dans les rues n’étaient plus seulement des silhouettes pittoresques ; il les replaçait dans leur vrai milieu, hors du cadre un peu factice d’Iarive ; en leurs yeux jadis indifférents se reflétait l’image des rites antiques ; il se les représentait pieds nus, avec des marques blanches au front, et foulant les pierres saintes ensanglantées par les sacrifices.