en corne ou en argent. Car partout ils sont vénérés encore par les descendants des Imériniens.
Quand les Sampy commencèrent à brûler, un fort vent s’éleva et chassa violemment la fumée vers le nord-ouest dans l’ancestrale direction des Origines obscures, et le 12e Honneur, qui se tenait là, fut obligé de changer de place, aveuglé par les cendres. La foule, stupide d’étonnement, se taisait ; beaucoup ramenaient leur lamba sur leur visage, pour ne pas voir le sacrilège. Quand tout fut accompli, la multitude silencieuse s’écoula lentement, et les gens se demandaient quelles cala-mités effroyables allaient fondre sur l’Imérina, en punition du crime des rois. La vengeance des Ancêtres se fit longtemps attendre, mais elle vint à son heure. Un jour le bruit courut que les vazaha montaient vers Tananarive pour chasser Ranavalouna et réduire les Malgaches en esclavage. Ratsimba redoutait de changer de maître une troisième fois, car il n’avait plus confiance dans la force des Imériniens, depuis qu’il avait vu leurs rois profaner les choses saintes ; l’avenir lui faisait peur. Dans la maison de Rainiketamanga, on répétait ce qui se disait à la cour : deux grands généraux, la Fièvre et la Forêt, combattaient avec les Houves, et, si les Français ne se changeaient pas en faucons pour voler par-dessus les montagnes ou en