Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/95

Cette page n’a pas encore été corrigée

les bœufs demi-sauvages ; à quatorze ans, il fit partie d’une expédition organisée pour voler des troupeaux ; au retour il fut adopté par son maître, qui venait de perdre un de ses fils. Il était parfaitement heureux, ne caressait pas d’autre rêve que de vivre toujours dans la terre des Sakalaves et d’accroître par des vols de bœufs la richesse de son père adoptif.

Mais une nouvelle catastrophe bouleversa son existence. Une armée de 2.000 Houves, envoyée par la reine de Tananarive, arriva dans le pays. Les Sakalaves essayèrent de se défendre : ils furent repoussés dans plusieurs escarmouches. Les ennemis s’emparèrent du village, mirent le feu aux paillottes, tirèrent sur ceux qui tentaient de s’échapper. Le père de Ratsimba fut tué ; lui-même, blessé à la cuisse, fut fait prisonnier et mené à Tananarive. On le vendit au marché d’Analakély et à quinze ans il retomba dans la servitude. Rainiketamanga, son nouveau maître, était un Houve riche et influent, conseiller écouté de la reine ; il possédait un très grand nombre d’esclaves, d’immenses étendues de rizières, beaucoup de maisons en briques crues, entourées de clos pleins de manguiers. Ratsimba, pendant plusieurs années, travailla dans une terre non loin d’Ambouhidratrimou. Il n’était ni plus ni moins malheureux que tous les Malgaches, libres ou esclaves, qui peinent dans les rizières ; il mangeait à