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y démêler les signes de la débilité ou de la force, de la stupidité ou de l’intelligence. Puis les marchandages commençaient, chacun défendant ses intérêts avec âpreté ; les vendeurs mettaient sur le compte de la fatigue les prétendues tares dénoncées par les acheteurs, et la discussion s’éternisait. Les Sakalaves ne payaient pas en argent, mais en bœufs. Une jeune femme, selon sa beauté, valait jusqu’à quinze bœufs, une jeune fille davantage ; les enfants mâles coûtaient de trois à six têtes de bétail. Le soir, tous les esclaves se trouvèrent vendus, et les Fahavalou, après une nuit de ripaille, s’en allèrent vers Majunga avec un gros troupeau de bœufs qu’ils comptaient échanger contre des sacs de piastres chez les traitants de la côte.

Ratsimba avait été acheté par un homme d’un village lointain, qui l’emmena chez lui le jour même. Après plusieurs semaines de timidité farouche et de révoltes inutiles, le petit esclave vécut, avec l’indifférence de l’habitude, sa nouvelle existence. C’était celle des enfants de la maison. Il mangeait et dormait avec eux ; tous ensemble allaient garder les bœufs dans les grandes prairies de vérou et les oies dans les marécages auprès de la rivière. Il appelait son maître papa ; au bout de quelques années il l’aima comme un père et n’avait gardé qu’un souvenir très vague de sa véritable famille. A douze ans, on lui apprit à lancer la sagaie, à prendre au lasso