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rétifs. On dormit six heures dans un bois de tapiha, au creux d’un ravin, et la fuite recommença, toujours vers l’ouest. On avait traversé de grands espaces dénudés et stériles, sans arbres, sans hommes, sans paillottes. On suivait quelquefois pendant des heures le lit sableux d’une rivière à demi desséchée, et Ratsimba se souvenait des lassitudes accablantes après ces courses dans le sable mou qui cédait sous les pieds.

Enfin on arriva dans la terre des Sakalaves. Les Fahavalou continuèrent de forcer les étapes, en évitant les endroits habités, jusqu’à un gros village de plus de deux cents feux. Là un kabary eut lieu avec les chefs du pays : des cases vides furent mises à la disposition des étrangers, et, le soir, les sonneurs d’andzoumbouna montèrent sur les collines des environs pour sonner joyeusement l’Appel-des-Marchés. Le lendemain, les gens des villages vinrent en foule. Les captifs, exposés pour la vente, étaient rangés sur la grande place le long d’une palissade en bambous, et les acheteurs circulaient, appréciant la marchandise offerte. Ils palpaient le ventre et le sein des femmes, pour s’assurer de leur jeunesse par la fermeté des chairs ; ils soulevaient les enfants dans leurs fortes mains, examinaient le développement des poitrines, les muscles des jambes, faisaient mouvoir les articulations, et ils scrutaient l’expression des petits visages insouciants, pour