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même temps que le blessé, avec la sagaie rouge de sang.

Allevent s’était évanoui : dans la case choisie par lui, on l’avait couché sur une natte. Villebois pansa et banda la blessure béante : elle n’intéressait que les muscles de la cuisse, mais le chasseur l’avait échappé belle, car sur un des bords de la plaie on voyait battre l’artère fémorale, mise à nu.

Quand Villebois revint pour prendre des nouvelles, le blessé avait une forte fièvre et délirait. Il appelait son père, le suppliait de l’emmener, par delà l’Eau-Sainte, dans le pays des vazaha ; puis il prononça très vite des paroles incohérentes, en un malgache entrecoupé de mots français. Le pansement antiseptique, enlevé, avait été remplacé par un autre, où devaient entrer des raclures d’oudy et des plantes de la forêt.

Les deux chasseurs noirs lançaient au colon des regards malveillants et farouches : il s’en alla, gêné. Sa ramatou avait causé avec les gens du village : elle raconta ce qu’elle savait. Le métis était bien connu dans la région pour les sentiments de haine qu’il avait à l’égard de tous les vazaha. Pourtant lui-même s’enorgueillissait beaucoup d’être sang-mêlé ; parfois, il faisait sentir durement son mépris aux Malgaches.

Villebois comprit alors l’attitude un peu singulière du chasseur pendant les jours précédents. Étranger