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— Ce n’est pas à l’école que j’ai appris à parler. Ma mère, chez les Betsimisaraka, est d’une famille de chefs, et vous connaissez le proverbe malgache : Il est inutile d’apprendre à nager au petit du bœuf ni au petit Andriana à faire des discours.

— Voulez-vous accepter de dîner avec moi ce soir ?

— Non. Je suis un Malgache. J’irai par là, dans une case, avec mes hommes, manger le riz sur les feuilles de ravinala.

Et il recula d’un pas, comme pour marquer sa séparation d’avec la race de son père. Villebois comprit qu’il ne devait pas insister et que, malgré ses orgueilleuses déclarations, le métis gardait en son cœur la blessure inguérissable de la tare héréditaire. On régla rapidement les questions d’affaires : le riz fourni en nature aux chasseurs, une piastre par homme, et la chair des sangliers divisée en trois parts, une pour eux, une pour leurs chiens, et une pour le vazaha.

— A demain donc, dit le colon.

— Cras figemus apros, répliqua Justin Allevent, pour montrer qu’il savait encore son latin. Le lendemain, vers sept heures, Villebois retrouva son homme.

— Eh bien ! Vous préparez-vous pour cette chasse ?

— Sans doute. J’allais justement prendre mes dispositions.